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  • Maryline Decompoix

Vite, du chocolat !

Nous n’avons jamais autant mangé de chocolat et cela n’est pas un hazard bien sûr. Cela nous renseigne sur l’état psychologique, physique, moral et mental de l’humanité.



Voici revenu le temps des fêtes de Noël et du Nouvel An qui sont devenues depuis la fin des années 50 et le début des années 60 une débauche de surconsommation et en particulier de nourriture et d’alcool. Nos supermarchés regorgent de douceurs sucrées et en particulier de chocolat, qui est de loin la friandise la plus populaire au monde.


On mange du chocolat partout dans le monde et nous en consommons plus de 7 millions de tonnes par an ce qui représente près d’un kilo pour chaque habitant de la planète. En 2021 en France, la consommation moyenne de chocolat s’élevait à 4 kg par personne et par an et le record mondial est tenu par les Suisses qui engloutissent près de 9 kg par an et par habitant.



UN PEU D'HISTOIRE



Les Mayas et les Aztèques sont considérés comme les premiers consommateurs de chocolat et à l’époque pré-colombienne ils ont mis au point un procédé de transformation des fèves de cacao en boisson chocolatée et la première boisson faite de pâte de cacao râpée s’appelait le “xocoatl“. Cette boisson se consommait froide et on la mélangeait à différentes épices comme le poivre et le piment. Les colons espagnols ramenèrent en Europe ces coutumes chocolatées et l’on adaptera la boisson aux goûts européens en la sucrant et en la consommant à température ambiante en y ajoutant aussi de nouvelles épices comme la cannelle. Au cours du 18ème siècle, la cour royale espagnole se met à consommer du chocolat chaud et les cours françaises et italiennes adopteront rapidement les mêmes habitudes.


En France donc, le chocolat a été consommé pour la première fois sous la forme de boisson chocolatée et du 17ème au 18ème siècle, il y a un véritable engouement pour le cacao dans les hautes sphères de la société. En effet, préparer et surtout consommer du chocolat n’était réservé qu’au roi et à sa cours. S’en suivront les premières recettes autour du chocolat comme les crèmes, les sorbets et les gâteaux au chocolat élaborés par les italiens dès le 18ème siècle.


En France toujours, le chocolat se démocratisera au 19ème siècle avec l’arrivée de l’industrialisation qui va permettre d’augmenter le volume et la productivité de la transformation du chocolat.


On mange maintenant du chocolat tout l’année mais c’est autour de Noël que les ventes sont les plus importantes en France avec 694 millions d’euros pour 30 469 tonnes de chocolat en 2021.


Ces dernières années, on assiste à une croissance de la demande pour des chocolats biologiques et équitables et qui respectent l’environnement ainsi que des produits plus qualitatifs.



LA FACE CACHÉE DU CHOCOLAT



L’industrie du chocolat fait l’objet de pressions depuis longtemps sur les problèmes d’éthique et de durabilité tels que la déforestation et le recours du travail des enfants pour la récolte du cacao.


La culture du cacao a un coût écologique énorme et la Côte d’Ivoire qui est le premier producteur de cacao au monde en 2020, a perdu selon les données de la Banque Mondiale 80% de sa couverture forestière au cours des 50 dernières années. La culture du cacao dans ce pays en est l’un des principaux responsables. C’est l’un des taux de déforestation les plus élevés de la planète.


L’autre énorme point noir de cette industrie qui apporte soit-disant de la douceur dans nos vies est l’exploitation humaine et en particulier celle des enfants et il existe des preuves de l’utilisation d’enfants (et d’adultes) dans des conditions de travail forcé dans la culture du cacao.


L’ONG Anti-Slavery International estime qu’au moins 30 000 adultes et enfants travaillent sous la contrainte dans le secteur du cacao à travers le monde et le Fonds des Nations Unies pour l’Enfance a déclaré dès 1998 que les enfants des pays voisins faisaient l’objet d’un trafic systématique vers la Côte d’Ivoire pour travailler dans les plantations de cacao. En 2020, une étude de l’université de Chicago a révélé que 2 enfants sur 5 vivant dans les régions productrices de cacao en Côte d'Ivoire et au Ghana effectuaient un travail classé comme risqué - des activités telles que l'utilisation d'outils tranchants, le travail de nuit ou l'exposition aux produits chimiques utilisés dans l'agriculture. Autre information accablante : La World Cocoa Foundation, une organisation qui chapeaute certaines des plus grandes entreprises de l'industrie du chocolat dans le monde, a reconnu le problème du travail des enfants, citant des estimations selon lesquelles, rien qu'en Côte d'Ivoire et au Ghana, 1,6 million d'enfants travaillent dans la culture du cacao.


Ce doux chocolat prend tout d’un coup un goût un peu plus amère n’est-ce pas ?…



L'HUMANITÉ CHOCOLATOMANE



L’humanité croule donc sous le chocolat, c’est la friandise de prédilection et de nombreuses personnes se disent chocolatomanes, c’est-à-dire qu’elles affirment être addictes au chocolat. Pour ces personnes-là le chocolat est une vraie drogue et ils estiment qu’elle réduit leur stress, leur angoisse et leur procure un plaisir qu’ils qualifient de divin…


Le chocolat est très addictif comme le sucre d’ailleurs, et toute façon il en contient, et on dit que c’est une drogue dont les qualités addictives sont très semblables à celles de la cocaïne. Voyons comment :


- la même partie du cerveau est affectée : la libération de dopamine qui permet de se sentir bien immédiatement. Ensuite, il y a une sensation intense d’être hyperstimulé à cause du sucre qui est dans le chocolat tout en sentant un effet de type opioïde similaire à l’ecstasy, la morphine et la marijuana. Avec la cocaïne, les sensations sont les mêmes,


- la même dépendance qui consiste à en vouloir de plus en plus pour atteindre le même état d’euphorie qu’auparavant,


- tous deux sont fabriqués dans les mêmes conditions. Les fèves de cacao, après qu’elles aient pourri au soleil sont ensuite additionnées d’une grosse quantité de sucre pour leur enlever leur goût amer. On y ajoute aussi des émulsifiants, des poudres de lait et d’autres produits chimiques. Dans le traitement de la cocaïne, on ajoute aussi des produits chimiques toxiques, notamment le fait de faire tremper les feuilles de coca dans de l’essence.


La différence entre les deux est que le chocolat a vraiment bon goût et la cocaïne a un goût horrible.


On peut acheter le chocolat ouvertement aux rayons friandises des supermarchés et il est classé comme aliment. Il a l’approbation de la société en tant que drogue acceptable. La cocaïne se vend sous le manteau dans des rues sombres par des individus peu recommandables.


L’addiction au chocolat passe presque inaperçue : fatigue, peau terne, surpoids, mauvaise humeur, morosité, sautes d’humeur, manque de vitalité, tension émotionnelle, etc. Nous ne le remarquons pas forcément car beaucoup de gens présentent les mêmes symptômes et nous ne faisons pas naturellement la connection avec la consommation de chocolat. Consommer du chocolat est si répandu que ceux qui n’en mangent pas passent pour des extra-terrestres !


Cela devrait nous interpeller tout ce chocolat produit et consommé !


Nous n’avons jamais autant mangé de chocolat et cela n’est pas un hazard bien sûr. Cela nous renseigne sur l’état psychologique, physique, moral et mental de l’humanité. Nous pouvons nous rendre compte que nous utilisons le chocolat comme récompense, comme calmant, comme adoucissant de nos difficultés. Il comblera notre solitude, notre vide intérieur, notre déprime, notre trop plein émotionnel, notre besoin d’amour et de douceur.


Notre consommation de chocolat est le témoin que nous, en tant qu’humanité, sommes loin de vivre l’harmonie dont nous sommes capables.






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