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  • Jonathan Cooke

En cuisine - Chronique d’un britannique distingué


Nous avons tous de bonnes raisons de ne plus recommander de restaurants à nos amis, car ils ont, comme leur nourriture, une durée de vie limitée.


wok chef de cuisine sans gluten ni laitages
l'art de cuisiner avec un wok

Combien de fois avons-nous les plus grandes attentes vis-à-vis d'un lieu de restauration pour les voir se dégonfler lorsque l'expérience réelle n'est pas à la hauteur de tout le battage médiatique qui a précédé ?

Cela vous semble familier ?


Nous avons tous de bonnes raisons de ne plus recommander de restaurants à nos amis, car ils ont, comme leur nourriture, une durée de vie limitée.

Pourquoi ?

À mon avis, l'une des raisons possibles est que l'industrie alimentaire semble avoir attrapé le virus de l'industrie de la mode qui se manifeste par une réinvention constante et l'élévation de l’éphémère.


Le changement se produit pour le plaisir du changement, et tandis que ceux qui sont à la pointe de l'alimentation cherchent des moyens encore plus extravagants pour éviter que nos papilles gustatives ne s'assoupissent, .......... par exemple les glaces parfumées au bacon et aux oeufs, oui vraiment ! Et nous, les consommateurs, semblons les encourager !

Alors qu'une décennie comme les années 70 peut être qualifiée de "ringarde" pour sa mode (les pantalons “patte d’éléphant“ viennent immédiatement à l’esprit), il en va de même pour certaines de ses créations culinaires, par exemple le "cocktail de crevettes", qui pourrit maintenant dans le bac à compost de l'histoire.


Les restaurants qui ne parviennent pas à "suivre" les tendances sont étiquetées comme étant vieux jeu et déconnectés, et les clients votent avec leurs pieds c’est-à-dire qu’ils choisissent de ne pas y aller. Tôt ou tard, le personnel talentueux s'en va et avant que vous ne puissiez dire “un plat du jour s’il vous plait", votre restaurant préféré a disparu.


Il n'y a pas si longtemps, nous, les consommateurs, avons été soumis à un audacieux tour de passe-passe sous la forme de la "nouvelle cuisine “. Tout simplement, moins il y avait de nourriture dans l’assiette et plus le prix que nous payions augmentait. Nous avons semblé avaler cela pendant un certain temps, du moins jusqu'à ce que nos estomacs vides (et nos portefeuilles aussi) exigent un repas dans l'assiette qui ressemble vraiment à un repas, et non à une peinture minimaliste japonaise.


Comme la mode, l'alimentation a ses mots et ses phrases à la mode. Les "ingrédients frais" sont une expression si souvent utilisée de nos jours, comme étant essentielle à une expérience culinaire parfaite, que l'on se demande ce qui était utilisé auparavant !


A ce stade, le lecteur occasionnel aura commencé à remarquer quelques mots français qui s'insinuent dans le vocabulaire de la cuisine donc je dois expliquer que le vocabulaire de la cuisine se compose dans l’ensemble de mots français, dont certains ont été anglicisés.


Le “Kitchen Chef“ ou “Chef de Cuisine“ est littéralement le chef de la cuisine. Le mot “Restaurant“ vient du verbe français “se restaurer“ qui signifie manger. La “Brigade de Cuisine“ ou “Kitchen Brigade“, décrit la hiérarchie que l'on trouve dans les restaurants et les hôtels, et est communément désignée par l'expression "Kitchen Staff“ ou “Personnel de Cuisine“.

Ce concept est l'invention d'un français appelé Georges Auguste Escoffier et délègue effectivement la responsabilité de certaines tâches à des personnes spécialisées.

Ainsi, par exemple,


Sous-chef de cuisine (sous chef ou numéro 2)

Saucier (préparateur de sauces)

Chef de partie

Cuisinier

Commis de cuisine (cuisinier junior)...........


................. - la liste est longue, un peu comme le générique de fin d'un film.

L'ennui, c'est que les sous-titres de cette multitude de contributeurs méritants donne une impression de pompe et de suffisance. Cela nourrit à son tour l'élément de snobisme qui semble envahir les échelons supérieurs de la restauration et de l'hôtellerie.


Lorsque Guillaume le Conquérant est arrivé sur nos plages en 1066, il a apporté la langue française sur nos rivages mais l'adoption et l'utilisation du français était largement confinées à la cour royale et aux classes dirigeantes. Le français n'est jamais devenu la langue des gens du peuple et, à mon avis, c'est la raison principale pour laquelle tant de snobisme semble être attaché à cette langue. Le français n'est jamais devenu la langue du peuple et, à ce jour, je pense que c'est la principale raison pour laquelle tant de snobisme semble être attaché à l'industrie de la restauration en Grande-Bretagne, qui dépend encore de beaucoup de mots français.


Si cela peut contribuer à expliquer la position britannique, cela ne suffit pas à expliquer l'abondance du snobisme français en matière de nourriture !

En France, le pays de la révolution, où "Liberté, Égalité, Fraternité" est proclamé au fronton de la plus petite mairie de village, la culture alimentaire est une haute culture et est associée à la sophistication, à un comportement digne et à tout ce qui est très haut de gamme. Il y a un linceul de classicisme qui enveloppe tout ce qui est lié à la production et à la présentation de la nourriture et du vin.


En 2015, les 3 ou 4 premiers supermarchés britanniques présentent une gamme époustouflante de produits alimentaires, parfois originaires des coins les plus reculés de la planète. Tout le monde a l'embarras du choix, mais il n'en a pas toujours été ainsi.

En comparaison, les supermarchés français sont plutôt basiques, avec tous les produits de base mais pas grand-chose d’autre. La prolifération des émissions de cuisine à la télévision britannique en dit long sur l'évolution de nos attitudes à l'égard de ce que nous mangeons et de la façon dont nous le faisons.


D'après mon expérience, les Français ne comprennent pas la révolution alimentaire qui s'est produite au Royaume-Uni depuis les années 1980 et 1990 et pensent toujours que nous, en tant que nation, subsistons avec du poisson et des frites que nous grignotons misérablement dehors sous notre pluie perpétuelle.

Je trouve que c'est un peu comme l'attitude des Américains qui n'ont jamais voyagé et qui croient sérieusement que Londres est toujours enveloppée d'un épais brouillard qu'ils ont vu dans d'innombrables vieux films.

Aujourd'hui, il est assez courant de trouver des Bars à Nouilles et des Restaurants Sushis dans les rues des villes de province britanniques, aux côtés des Restaurants Indiens et Chinois plus établis. Les vitrines des bouchers regorgent de délicieux morceaux de viande, et les saucisses farcies d'une variété quasi illimitée rivalisent avec les blancs de poulet marinés prêtes à être grillés au barbecue !

Le comptoir de poisson frais du supermarché est toujours très fréquenté, tout comme le comptoir de la charcuterie préparée.

Oui, l'amour des Britanniques pour la nourriture est bien vivant !


En haut de l'échelle, l'establishment alimentaire britannique dans les hôtels et les restaurants, est toujours géré par une structure hiérarchique basée sur le modèle français, avec ses Brigades de Cuisine.

Cette équipe de cuisiniers à consonance plutôt militaire s’entrechoque dans un espace restreint fait de chaleur, de vapeur et d’humeurs échauffées où le lait n'est pas la seule chose susceptible de déborder, et les nuages d'orage peuvent s'accumuler malgré la plus efficace des hottes aspirantes.


Les producteurs de télévision n'ont pas tardé à repérer le potentiel dramatique de la cuisine, où les événements peuvent souvent sembler aussi imprévisibles qu'un système météorologique tropical et tout aussi dommageable.

Le chef de cuisine est le général à la tête de la Brigade de Cuisine et doit concilier ces qualités apparemment inconciliables que sont, créativité et sens artistique d'une part, et capacité d'organisation et de direction d'autre part.


Il n'est pas étonnant que ces nuages d'orage puissent devenir noir lorsque le général se retrouve entre le marteau et l’enclume et se déchaîne dans des termes qui feraient rougir un charretier !


Il est ironique que tous ces problèmes et ces conflits aient pour but de produire un met délicieux conçu pour donner un plaisir sublime à ses destinataires, quand on considère l'énergie négative omniprésente qui mitraille la nurserie pendant ce qui devrait être un travail d'amour.


Ce canal d’accouchement, le couloir entre la cuisine et la salle à manger, est surveillé par des convoyeurs au pied léger, toujours prêts à propulser le nouveau-né vers les convives qui l'attendent, de l'autre côté de la porte battante. Versés dans un langage d'onctuosité et d'excuses, ces anges de la cuisine tentent de calmer notre impatience par leur infaillible gaieté.


Dans les enseignements de la Sagesse Eternelle, on entend dire que tout est énergie et que tout est dû à l’énergie. Ne sommes-nous donc pas en train de manger et de digérer toute cette énergie négative qui vient de fermenter dans la cuisine ?

Si oui, que nous fait-elle ?

Il est largement admis que les "ingrédients frais" sont essentiels à la production d'un repas parfait, mais il y a sûrement un autre ingrédient qui est absolument vital et qui est la pièce de résistance absolue, et c'est

L'AMOUR !


Sans cet ingrédient, un repas n'est qu'à moitié cuit, indigeste et beaucoup moins nutritif !


L'opéra et le théâtre n'ont pas plus leur place dans une cuisine que dans une chambre d'enfant d'hôpital, où les créations sont nourries avec et par l'AMOUR, le plus essentiel des ingrédients !

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